En dix ans, la sexualité en France a évolué : pratiques diversifiées, remise en question de la norme hétérosexuelle et préoccupations accrues sur le consentement.
sexualité en France – CREDIT : Pixabay
La sexualité des Français a connu des transformations importantes au cours de la dernière décennie, d’après une enquête exhaustive menée par l’Inserm, l’ANRS Maladies infectieuses et Santé publique France, publiée le 13 novembre 2024. Cette étude, fruit de cinq ans de recherches et de réponses de plus de 31 000 participants âgés de 15 à 89 ans, met en lumière des évolutions notables dans les comportements, pratiques et attentes sexuelles des Français.
Diversification des pratiques et évolution des normes
Parmi les premiers constats de l’enquête, on observe un élargissement des pratiques sexuelles. Les relations intimes ne se limitent plus aux rapports vaginaux traditionnels. De plus en plus d’hommes et de femmes déclarent pratiquer des formes variées d’intimité, notamment la masturbation, le sexe oral et les rapports anaux. Ces pratiques, autrefois marginales ou peu discutées, font désormais partie intégrante de la sexualité pour une grande majorité de la population. En 2023, 72,9 % des femmes et 92,6 % des hommes âgés de 18 à 69 ans affirment avoir expérimenté la masturbation au cours de leur vie, un chiffre significatif qui témoigne d’une acceptation accrue de cette pratique.
Parallèlement, l’étude montre une remise en question progressive de la norme hétérosexuelle. La proportion de personnes ayant eu au moins une expérience homosexuelle est en nette hausse, surtout chez les jeunes. En 2023, 8,8 % des femmes et 8,9 % des hommes de 18 à 89 ans rapportent avoir eu une relation avec une personne de même sexe, une augmentation attribuée à un climat social plus inclusif et ouvert sur la diversité des orientations sexuelles.
Fréquence des rapports et consentement : une évolution contrastée
La fréquence des rapports sexuels a, quant à elle, légèrement diminué au fil des ans. En 2023, 77,2 % des femmes et 81,6 % des hommes de 18 à 69 ans déclarent avoir eu une activité sexuelle avec un partenaire au cours de l’année écoulée, une baisse par rapport aux chiffres de 2006. Cependant, cette diminution ne semble pas affecter la satisfaction sexuelle : 45 % des femmes et 39 % des hommes se déclarent « très satisfaits » de leur vie sexuelle.
L’étude met également en lumière une amélioration dans le respect du consentement. La proportion de femmes ayant accepté des rapports sexuels pour faire plaisir à leur partenaire sans réelle envie a diminué, passant de 50,6 % en 2006 à 43,7 % en 2023. Malgré ces progrès, les violences sexuelles restent un sujet préoccupant : 29,8 % des femmes de 18 à 69 ans ont rapporté des expériences de rapports forcés ou de tentatives de rapports forcés en 2023, contre 15,6 % en 2006. Chez les hommes, ce chiffre est passé de 4,7 % à 8,7 % sur la même période.
Prévention et protection : des efforts encore nécessaires
En matière de prévention, l’enquête souligne une diminution dans l’utilisation de préservatifs lors des premiers rapports, avec 75,2 % des femmes et 84,5 % des hommes ayant utilisé une protection en 2023, un recul par rapport aux années 2000. La vaccination contre les infections sexuellement transmissibles (IST), bien que plus répandue chez les jeunes, reste insuffisante. Par exemple, seuls 50,6 % des jeunes femmes de 15 à 29 ans sont vaccinées contre les papillomavirus.