Pourquoi la préfecture du Var a-t-elle été déplacée de Draguignan à Toulon ? Un choix politique puis stratégique en 1974.

Vue de Draguignan- CREDIT : Wikimedia Commons
La préfecture du Var, autrefois située à Draguignan, a été transférée à Toulon au cours du XXe siècle. Ce changement, loin d’être anodin, répond à des enjeux géographiques, économiques et stratégiques majeurs pour le département.
Un héritage révolutionnaire
À l’origine, lors de la création des départements français en 1790, la ville de Toulon, alors aux mains des royalistes, s’opposait fermement à la Révolution. En représailles, l’Assemblée nationale décida de désigner Draguignan, ville républicaine et mieux perçue politiquement, comme chef-lieu du département du Var. Cette décision fut donc avant tout politique, ancrée dans le contexte conflictuel de l’époque.
Une capitale déplacée pour des raisons de modernité
Avec le temps, les équilibres territoriaux changent. Pour les décideurs, Toulon s’impose progressivement comme un pôle économique, militaire et administratif incontournable, grâce notamment à la présence de sa base navale, la plus importante de Méditerranée. Cette dynamique accentue les déséquilibres entre Draguignan, plus enclavée et moins développée, et Toulon, plus accessible et mieux équipée.
Le 4 mars 1974, un décret officialise ce changement : la préfecture du Var est transférée à Toulon. Cette décision répond à des nécessités de centralisation des services administratifs dans une ville mieux connectée, dotée d’infrastructures modernes et représentant plus fidèlement la population du département. Toulon, ville la plus peuplée du Var, devient alors logiquement le nouveau centre administratif.
Un changement encore source de débats
Si ce transfert a été globalement accepté aujourd’hui, il continue de susciter des débats, notamment à Draguignan où certains regrettent la perte de ce statut prestigieux. Néanmoins, la ville conserve un rôle administratif important en accueillant une sous-préfecture active.
Ce basculement illustre ainsi l’évolution naturelle des centres de décision en fonction des réalités démographiques, économiques et géopolitiques d’un territoire.