Nanterre a été le théâtre d’une tragédie le mardi 27 juin, lorsque Nahel, âgé de 17 ans, a été mortellement touché par un tir de la police.

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Nahel dans la voiture, braqué par les policiers / Le récit du passager – CREDIT : Capture Youtube

Une semaine après les faits, Léo (le prénom a été modifié), le troisième passager de la voiture, a livré son témoignage émouvant, revenant sur les derniers instants de Nahel.

Nahel : le récit du passager

Léo, un jeune adolescent de 14 ans, se trouvait ce matin-là sur le chemin du collège, prêt à passer ses épreuves du brevet. C’est là qu’il a croisé la route de Nahel, son “grand frère du quartier”, comme l’explique son père dans une interview accordée au Parisien. Nahel lui a immédiatement proposé de l’emmener, sans que Léo ne se doute que son ami n’avait ni permis de conduire ni l’âge requis.

Installé à l’arrière de la Mercedes Classe A jaune, Léo prenait place aux côtés d’un autre ami de Nahel, tandis que ce dernier se trouvait à l’avant. C’est alors que leur trajet a été brutalement interrompu par l’intervention de deux policiers de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), leur ordonnant de s’arrêter. Le père de Léo confirme que Nahel a refusé de se conformer à cette demande.

La situation s’est rapidement tendue lorsque les policiers se sont approchés du côté conducteur de la voiture, bloquée dans un embouteillage. D’après le témoignage poignant de Léo transmis au Parisien, les agents ont brandi leurs armes en direction de Nahel. Ce dernier aurait alors reçu plusieurs coups, cherchant instinctivement à protéger sa tête, tandis qu’un des policiers lui aurait proféré des menaces effroyables.

Sous le coup de la panique, Nahel aurait involontairement relâché le frein de la voiture, laissant celle-ci avancer de manière incontrôlée. La Mercedes étant équipée d’une transmission automatique, le policier aurait alors ordonné à son collègue de faire feu, déclenchant ainsi le drame.

Léo, encore sous le choc, ne réalisa pas immédiatement que son ami avait été touché. Ce n’est que lorsque Nahel prononça les mots poignants : “C’est un fou, il a tiré”, que Léo prit conscience de la gravité de la situation. La voiture s’accéléra brusquement et percuta un mobilier urbain, projetant Nahel sur le côté, bien qu’aucune trace de sang ne soit visible.

Malgré la panique, Léo fit de son mieux pour sortir du véhicule, mais il fut momentanément entravé par le système de sécurité pour enfants. Après quelques instants d’efforts, il parvint enfin à s’extraire de la voiture, mais fut aussitôt appréhendé par l’un des motards présents sur les lieux.

“J’ai levé les mains pour éviter d’être blessé par balle. Je me suis retrouvé par terre. J’ai dit que je n’avais rien fait et [le policier] m’a répondu : “Ferme ta gueule”. Il m’a alors menotté”, raconte Léo, les larmes aux yeux.

À l’intérieur de la voiture de police où il fut placé, Léo a pu apercevoir l’un des policiers tentant de prodiguer un massage cardiaque à Nahel, en vain. Il aurait également entendu un des agents dire à son collègue qu’il aurait mieux fait de s’abstenir de tirer, étant donné qu’ils devaient établir un barrage plus loin. Un ajout glaçant qui confirmait le décès de Nahel.

Après avoir été placé en garde à vue, Léo a finalement été relâché quelques heures plus tard. Aujourd’hui, une semaine après cette tragédie, il peine à se remettre, confie son père au Parisien. “Il est perturbé, souffre d’absences et a des difficultés à trouver le sommeil.”

Le policier ayant tiré le coup fatal a été mis en examen pour homicide volontaire et incarcéré. Par ailleurs, une cagnotte de soutien à la famille de Nahel a récolté plus d’un million d’euros, suscitant l’indignation de nombreux citoyens à travers la France.