Mort de Zineb Redouane : un CRS mis en examen six ans après les faits. Une affaire marquante de violences policières à Marseille.

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Mort de Zineb Redouane – CREDIT : VarActu

Un CRS soupçonné d’avoir tiré la grenade lacrymogène ayant causé la mort de Zineb Redouane, en décembre 2018 à Marseille, a été mis en examen pour homicide involontaire. Cette décision marque une étape clé dans une affaire qui, depuis six ans, suscite une vive émotion en France et au-delà.

Un drame sur fond de manifestations

Zineb Redouane, 80 ans, avait été mortellement blessée le 1er décembre 2018 alors qu’elle fermait la fenêtre de son appartement, rue des Feuillants, dans le centre de Marseille. À ce moment, des manifestations agitaient la ville, mêlant l’ »acte III » des Gilets jaunes et un rassemblement contre le mal-logement, dans un contexte tendu après l’effondrement tragique des immeubles de la rue d’Aubagne. Hospitalisée après le tir d’une grenade lacrymogène, elle est décédée le lendemain.

L’enquête, dépaysée à Lyon en 2019, s’est longtemps heurtée à des controverses sur les circonstances du tir. Une expertise initiale en 2020 avait conclu que le CRS avait respecté les règles d’usage en effectuant un tir « en cloche », mais une contre-expertise indépendante avait contesté cette version, évoquant un tir tendu, interdit en zone urbaine.

Une mise en examen tardive et controversée

Cette mise en examen intervient après des années d’attente, une lenteur dénoncée par les proches de la victime. « La justice savait depuis le début qu’elle devait agir, mais manquait de courage face aux pressions », a déclaré Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille, sur France Bleu. Il a également exprimé l’indignation des enfants de Zineb Redouane, « soulagés » par cette avancée mais en colère contre les délais judiciaires.

L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait pointé une « obligation de discernement non respectée » et une « action manifestement inadaptée » dans un rapport publié en 2021. Elle avait recommandé des sanctions disciplinaires contre le CRS et son superviseur, sans qu’aucune suite ne soit donnée à ces propositions. L’avocat de la famille réclame désormais que le superviseur soit également mis en examen et plaide pour une requalification des faits en « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Un symbole de violences policières

La mort de Zineb Redouane a provoqué une onde de choc nationale et internationale. En 2022, Amnesty International avait qualifié cette affaire de « cas emblématique de violences policières impunies », soulignant son inclusion parmi les violations des droits humains marquantes dans le monde. Aujourd’hui, la mise en examen du CRS relance le débat sur la gestion des manifestations et les pratiques policières.