Georges Cisson, figure emblématique de la Résistance varoise, a marqué l’histoire par son engagement syndical, religieux et patriotique, jusqu’à son exécution en 1944.
Charnier de Signes où fût exécuté Georges Cisson- CREDIT : Wikimedia Commons
Georges Félix François Joseph Marie Cisson est né le 21 mars 1910 aux Arcs-sur-Argens, dans le Var. Son père, Augustin Cisson, fabricant de bouchons, est décédé en 1917 des suites d’un accident ferroviaire pendant la Première Guerre mondiale. Orphelin de père, Georges est adopté par la Nation en janvier 1919. Il effectue sa scolarité dans les établissements maristes de Toulon et de La Seyne-sur-Mer, obtenant son baccalauréat en 1928. En 1930, il réussit le concours d’adjoint technique des Ponts et Chaussées et est affecté à Draguignan. Il y épouse Yvonne Marthe Rebuffel en avril 1935, avec qui il aura deux filles.
Engagement syndical et religieux
Catholique, Georges Cisson s’investit dans diverses associations telles que la Société de Saint-Vincent-de-Paul et les Équipes sociales. Il fonde le syndicat chrétien à Draguignan et devient secrétaire de l’Union locale des syndicats professionnels CFTC en 1937, puis secrétaire général adjoint de l’Union départementale en 1939. Parallèlement, il milite au sein de la Jeune République, mouvement démocrate-chrétien fondé par Marc Sangnier, et collabore à la presse catholique.
La Seconde Guerre mondiale et la Résistance
Mobilisé en 1939 comme sergent-chef dans les chasseurs alpins, Georges Cisson est affecté au front des Alpes puis à celui de l’Est. En juin 1940, lors d’une reconnaissance sur les bords de l’Aisne, il est grièvement blessé par un éclat de grenade, perdant l’usage de son œil gauche. Décoré de la Croix de guerre, il retourne à Draguignan en tant qu’invalide de guerre. Il s’engage rapidement dans la Résistance, diffusant des publications clandestines telles que « La Voix du Vatican » et « Les Cahiers du Témoignage chrétien ». En 1941, il rejoint le mouvement Combat, puis Libération-Sud, où il devient responsable régional sous le pseudonyme « Dubosc ». Avec la formation des Mouvements Unis de Résistance (MUR) en 1943, il intègre le directoire régional et est chargé du Noyautage des Administrations Publiques (NAP). Il crée également le journal « Provence libre », diffusé dans toute la région, et siège au Comité départemental de Libération du Var.
Arrestation et exécution
Le 12 juillet 1944, Georges Cisson est arrêté à Marseille par la Gestapo alors qu’il récupère du courrier dans une boîte aux lettres clandestine. Identifié comme chef régional du NAP, il est interrogé puis exécuté le 18 juillet 1944 à Signes, aux côtés de nombreux autres résistants. Leurs corps sont découverts en septembre de la même année. Après des obsèques nationales, Georges Cisson est inhumé dans sa ville natale des Arcs-sur-Argens.
Hommages posthumes
En reconnaissance de son sacrifice, plusieurs communes ont honoré sa mémoire en nommant des rues en son honneur, notamment aux Arcs-sur-Argens, Draguignan et Ginasservis. Un lycée professionnel à Toulon porte également son nom depuis 1947. Georges Cisson a été décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance française avec rosette en 1946
Le charnier de Signes, témoignage tragique de la répression nazie dans le Var
Découvert en septembre 1944, le charnier de Signes est l’un des plus importants sites d’exécution de résistants en Provence. Situé dans un vallon isolé près du village de Signes, il renferme les corps de 38 résistants, dont Georges Cisson, arrêtés puis exécutés sommairement par la Gestapo au cours de l’été 1944. Ces exécutions massives visaient à décapiter les réseaux de résistance à la veille du Débarquement de Provence. Ce lieu de mémoire rappelle aujourd’hui l’ampleur de la barbarie nazie et le prix payé par ceux qui ont combattu pour la liberté.