Didier Raoult est interdit d’exercer la médecine pendant deux ans après une décision en appel, en raison de son soutien à l’hydroxychloroquine sans preuves scientifiques.
Didier Raoult – CREDIT : Wikimédia Commons
Didier Raoult, ancien directeur de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille et figure controversée de la crise sanitaire, a vu sa sanction initiale sévèrement renforcée en appel. Le microbiologiste, connu pour avoir promu l’hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19 sans preuves scientifiques solides, est désormais interdit d’exercer la médecine pendant deux ans, une décision qui prendra effet à partir du 1er février 2025. En première instance, il n’avait écopé que d’un simple blâme. Cette nouvelle décision marque un tournant dans l’affaire qui oppose l’Ordre des médecins à celui qui a suscité autant d’admiration que de critiques durant la pandémie.
Une sanction jugée trop clémente en première instance
Lors de l’audience d’appel, qui s’est tenue en juin dernier à Paris, le Dr Gilles Munier, représentant de l’Ordre des médecins, avait estimé que le blâme infligé à Didier Raoult en première instance était une sanction « trop indulgente ». La justice reproche au microbiologiste d’avoir enfreint plusieurs articles du code de santé publique, notamment en promouvant l’hydroxychloroquine comme traitement efficace contre le Covid-19, alors même que les autorités scientifiques internationales ne disposaient pas de preuves suffisantes pour appuyer cette hypothèse.
Didier Raoult, présent à l’audience avec son avocat Me Fabrice Di Vizio, a toujours maintenu sa position, tout en soulignant qu’il avait agi dans l’intérêt de ses patients. Cependant, le jugement en appel souligne que Raoult « ne s’est pas fondé sur des données scientifiques confirmées et n’a pas fait preuve de prudence », en promouvant un traitement « insuffisamment éprouvé ».
Un essai clinique controversé
L’un des points les plus contestés concerne un essai clinique jugé « sauvage » mené sur environ 30 000 patients, selon la décision de la chambre disciplinaire nationale. Il est reproché à Didier Raoult de ne pas avoir obtenu l’autorisation des autorités sanitaires pour mener ces recherches, en violation de l’article R4127-15 du Code de santé publique qui encadre les études biomédicales.
Néanmoins, la chambre disciplinaire nationale a reconnu qu’il n’avait pas exposé ses patients à des risques injustifiés. Raoult a sciemment écarté ceux présentant des facteurs de risque élevés, une mesure qui a atténué l’impact de ses pratiques controversées.
Un praticien au cœur de la polémique
Didier Raoult, qui n’occupe plus de fonctions hospitalières depuis son départ de l’IHU en septembre 2022, est également sanctionné pour non-confraternité. Il est accusé d’avoir tenu des propos dépassant le cadre de la liberté d’expression, notamment en accusant un autre praticien d’avoir mené des essais « dans lesquels des enfants sont morts ». En outre, ses critiques répétées à l’encontre de la vaccination généralisée et des mesures de confinement ont contribué à sa condamnation, le tribunal estimant qu’il avait « nui aux mesures de santé publique » mises en place durant la pandémie.