Le covoiturage est en recul dans presque toutes les grandes villes de France, mais Toulon tire son épingle du jeu avec une progression de 1,4 % en 2024. Pourquoi ?
Des bouchons dans le tunnel de Toulon – PHOTO : Var Actu
Le covoiturage à Toulon en progression
Le dernier baromètre de l’autosolisme publié par VINCI Autoroutes met en avant une tendance préoccupante : près de 86 % des conducteurs français circulent seuls dans leur voiture aux heures de pointe, un taux en hausse par rapport au printemps 2023. Cependant, une ville détonne dans ce paysage : Toulon. Contrairement à la majorité des métropoles françaises, où le covoiturage recule, Toulon affiche une progression notable, faisant de cette ville une exception dans une France où les trajets en voiture demeurent largement solitaires.
Le covoiturage en recul partout… sauf à Toulon et Bordeaux
Selon le 6e baromètre de l’autosolisme publié par VINCI Autoroutes, 85,7 % des conducteurs circulent seuls, contre 82,8 % au printemps dernier, marquant une baisse de 2,9 points dans la pratique du covoiturage. Ce recul est observé dans la plupart des grandes villes françaises, notamment à Lyon (-6,6%), Aix-en-Provence (-5,7%), et l’Île-de-France (-6,9%), où le covoiturage atteint tout de même 20 %. Une telle chute est d’autant plus inquiétante qu’elle survient à un moment où la congestion des réseaux routiers est à son maximum aux heures de pointe.
Cependant, deux villes font figure d’exception : Toulon et Bordeaux. À Toulon, le covoiturage continue de progresser, avec une hausse de 1,4 %, ce qui porte la proportion de covoitureurs à près de 25 %, soit 1 trajet sur 4, un record national, à égalité avec Poitiers, la ville française où le covoiturage est le plus développé. Bordeaux, quant à elle, observe une légère progression sur certains axes, notamment l’A62 (+0,9 %), et une stabilité sur d’autres. Ce contraste avec le reste de la France soulève des questions sur les facteurs qui encouragent la pratique du covoiturage dans ces zones spécifiques.
Pourquoi Toulon fait-elle exception ?
Les raisons pour lesquelles Toulon parvient à maintenir, voire accroître, sa pratique du covoiturage sont multiples. Thierry, un habitant de la Seyne-sur-Mer, explique : « Ici, on a des infrastructures qui facilitent vraiment le covoiturage. Les parkings relais et les lignes de cars du réseau Mistral sont très bien organisés. Ça devient un réflexe pour beaucoup d’entre nous. »
VINCI Autoroutes souligne d’ailleurs que les infrastructures adaptées jouent un rôle essentiel dans cette dynamique. La métropole de Toulon investi dans des parkings de covoiturage stratégiquement placés, et l’extension des lignes de cars sur autoroute qui permet de fluidifier les trajets domicile-travail. Ces initiatives, combinées à une volonté de promouvoir des mobilités partagées, expliquent pourquoi Toulon parvient à se démarquer dans un contexte où la tendance nationale est à la hausse de l’autosolisme.
Un défi national pour les années à venir
Malgré les efforts de certaines métropoles comme Toulon, le défi reste immense pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone, qui vise un taux d’occupation des véhicules de 1,75 personne par véhicule d’ici 2030. Le taux actuel, évalué à 1,22 occupant par voiture, est très loin de cette cible. Pour y parvenir, il faudrait que le nombre de covoitureurs soit multiplié par 3, une progression ambitieuse qui nécessitera des efforts considérables en termes de politiques publiques et de sensibilisation des conducteurs.
L’enjeu est d’autant plus crucial que le taux de covoiturage est particulièrement bas aux heures de pointe, où seuls 12,5 % des conducteurs partagent leur véhicule. Ces périodes correspondent aux trajets domicile-travail, les plus congestionnés et les plus polluants, rendant indispensable un changement rapide des comportements.
Le témoignage des Varois
Les habitants du Var, conscients de ces enjeux, se montrent partagés. Marie, résidente de Toulon, se félicite de la progression : « On voit de plus en plus de voitures avec plusieurs personnes, surtout aux heures creuses. C’est encourageant, mais on peut faire encore mieux. » D’autres, comme Patrick, un habitant de La Garde, restent sceptiques : « Le covoiturage, c’est bien, mais ça ne marche pas pour tout le monde. Les horaires de travail sont parfois incompatibles, et on a besoin de plus d’options de transport. »
Quels leviers pour encourager le covoiturage ?
Pour VINCI Autoroutes, plusieurs solutions peuvent permettre d’inverser cette tendance nationale et d’encourager le covoiturage. Le développement d’infrastructures dédiées, telles que les parkings de covoiturage et les voies réservées, est essentiel pour inciter les automobilistes à adopter des pratiques de mobilité plus collectives. Des incitations fiscales ou des réductions sur les péages pour les véhicules en covoiturage sont également à l’étude, afin de rendre cette option plus attractive.
Enfin, une meilleure sensibilisation des entreprises pour promouvoir le covoiturage domicile-travail pourrait jouer un rôle clé. En facilitant la mise en place de plans de mobilité au sein des entreprises, il serait possible de structurer davantage cette pratique et de rendre les trajets plus efficaces pour les employés.
Toulon, faute de tramway, et avec des milliards investis pour les autoroutes est un bon eleve pour l’utilisation de la voiture.
Quel miracle de faire aussi mal pour les transports en commun en l’absence de tramway.